DIEU-MOBILE
Dieu dit J’en ai marre : De plus en plus cons Les hommes creusent la terre En extraient la moelle, Minent le sol sous leurs pieds. Il ne restera plus Que des trous du gruyère D’ici peu. Les voilà assis, Enfants sur un manège Armées jusqu’aux dents Faisant leurs jeux Rien ne va plus Faut faire une descente, Intervention musclée Leur montrer qui est boss. Mon Dieu-mobile doré Devrait faire l’affaire Ce vaisseau spatial De la taille des US XXL Remplira le ciel On ne verra que ça, Engin dominateur Ses finitions diamantées Certes un chouia vulgaires Sont en plein dans le mille Du tape à l’œil qu’ils adorent. Maison Blanche, d’abord ? Ou alors chez Poutine ? En tout cas, il me faut Rediffusion mondiale De mon speech d’arrivée Ecran géant encerclant Le monde tout entier Effets spéciaux grandioses Machines à fumée Son et lumière, … la totale, quoi. Côté musique L’ange compositeur Doit prévoir du couillu. Mélange imposant de Marche militaire Russe Façon Wagner et Orff, Générique Happy End de film Outre Atlantique (Vous voyez le moment – Quand le héros salue Le toutou aboie Et la famille rigole) Le tout joué à l’orgue D’une puissance de tonnerre Qui envahit l’oreille Une chorale - 100 000 voix ? Une commande difficile … il va se débrouiller Pour parler, il faudra Un mégaphone mal réglé J’ignore pourquoi, Mais ça leur fait de l’effet Retransmis sur les ondes Emanant des hauts lieux Stations télé, temples, mosquées Sièges gouvernementaux De Bruxelles à Beijing Sydney à Toronto Pour annoncer comme suit : J’envoie sur le champ Une multitude d’anges Tout vêtus de blanc Et de gilets pare- balles ONU genre céleste (J’espère, plus efficace) Avec comme atout Unité spéciale de classe : Police de la pensée Pour implanter au besoin Une puce sous la peau Qui programme et assure Qu’on se tienne à carreaux Et voilà les problèmes du monde … Résolus Vous m’avez cru ? … sérieux ? Non mais c’était pour rire Et désormais j’en pleure. Je vois bien que Vous ne me connaissez pas. Je ne suis pas celui Qui impose de loin Je suis venu chez vous Dépouillé de toute Parure d’empire Par l’amour qui me place Au-delà du pouvoir. J’étais nu Enfant de réfugiés En territoire occupé Mes anges ont donné Un concert impromptu Pour des gens Sans statut Dans un bled paumé Du Moyen Orient Peu savaient que j’étais là Mais ceux que j’ai croisés N’ont pas oublié. J’ai côtoyé ceux Qui marchaient tête baissée Je leur ai montré les étoiles, Comment rire, pleurer, aimer. J’ai donné de moi-même Pour semer une graine Petite, infinie Qui prend racine Au cœur de l’existence humaine Et invite à la vie.
